Pourquoi la France va faire de la figuration
Abordons ici un point technique sur le football pratiqué par l'équipe de France du même sport. La sélection dévoilée par Raymond Domenech hier soir donne un aperçu de ses préférences : un milieu défensif, c'est fait pour défendre. Alors, bien sûr, pour le commun des mortels, pour le footballeur amateur lambda, ça peut paraître une évidence. Mais on parle ici du football de haut niveau, que je n'ai certes pas fréquenté, mais dont je suis un observateur minutieux.
Toutes les grandes équipes s'appuient sur des relanceurs fiables et créatifs. Toutes. Iniesta à Barcelone, Van Bommel à Munich, Scholes à Manchester, Cambiasso à l'Inter ou encore Pirlo et Gilberto Silva pour les sélections italienne et brésilienne. Le football international s'est tellement densifié, avec des joueurs toujours plus rapides et plus endurants, que les espaces dans la fameuse "zone de vérité" se font de plus en plus rares. Conséquence, la création et l'organisation du jeu est descendue d'un cran, au niveau du rond central. En termes de "verticalité", les défenseurs n'arrivent pratiquement plus à trouver leurs attaquants de manière satisfaisante. Ceux-ci doivent décrocher très loin pour toucher des ballons et n'arrivent donc plus à être dangereux. Pour l'être, il faut un décalage, un surnombre, qui ne peut être apporté que par des joueurs arrivant de l'arrière.
Or, que constate-t-on en équipe de France ? La paire de milieux défensifs alignée par Raymond est constituée de joueurs accrocheurs mais terriblement limités offensivement. Lassana Diarra est incapable de jouer long, Toulalan de dribbler ou de frapper et leur jeu de tête ne permet pas de récupérer des deuxièmes ballons propres. Solution du sélectionneur ? Alou Diarra ou Abou Diaby, les derniers clones en date du grand Patrick Vieira, malheureusement sur le déclin. Mais ces deux joueurs n'ont pas la force de percussion et l'initiative inspirée de l'ancien capitaine des Bleus, et on en revient au même point.
Si ces joueurs là - qui n'ont pas besoin d'être deux d'ailleurs - ne parviennent pas à orienter le jeu, cela veut dire que Gourcuff, Ribéry, Henry ou Anelka (titulaires habituels) doivent redescendre très loin pour "faire le jeu". Dès lors à 4 contre 6 ou 7. Mission impossible. Sur leurs qualités pures, les Bleus peuvent passer face à des équipes modestes. Mais quand il s'agira de jouer face à des monstres, ils n'auront plus aucune chance, puisqu'en manque de solutions tactiques, comme on a pu le voir face à l'Espagne en amical (0-2). Le jeu long chirurgical de Benoit Pédretti ou la technique inspirée de Benoit Cheyrou aurait sans doute permis de diversifier le jeu français. Raymond Domenech garde sa recette. Je reste supporter des Bleus. Mais je m'inquiète.